Logo Hub Rural
Accueil > Actualités

Sénégal: Protection des cultures de coton - Mode d'emploi de la méthode sur seuil

La pêche illicite non déclarée et non réglementée (Inn) provoque, chaque année, un manque à gagner de 500 milliards de francs Cfa dans les pays membres de la Commission sous-régionale des pêches (Csrp). Et, si ce sont les navires étrangers industriels qui pratiquaient jusqu’ici cette forme de pêche prohibée, les navires nationaux sont aujourd’hui, responsables de 30 à 40 % des infractions constatées dans la zone, selon cette organisation.

Les dégâts de la pêche illicite non déclarée et non réglementée (Inn) sont plus qu’inquiétantes. A côté de la destruction des écosystèmes, de la chute drastique des principaux stocks de ressources halieutiques de la sous-région, des pertes d’emplois massives liées à la faillite de plusieurs structures de pêche et par la désorganisation des métiers au niveau des communautés de pêche, l’impact financier pour les pays de l’Afrique de l’ouest est énorme. En effet, les 7 pays membres de la commission sous-régionale des pêches (Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie, Sénégal et Sierra Leone) perdent chaque année plus d’un milliard de dollars (500 milliards de francs Cfa) à cause de cette pêche prohibé, selon le président du Comité de coordination de la Csrp. Au niveau mondial, dit Hachmir Tall, la Fao estime ce manque à gagner à 23 milliards de dollars par an. Elle constitue, selon Oumar Ndiaye, Secrétaire général du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime, « environ 30 % de l’ensemble des activités de pêche menées dans le monde entier ».

Si au départ, cette forme de pêche a été pratiquée par des navires étrangers industriels qui venaient un peu sur la partie nord de cette zone, plus proche d’Europe où ces navires avaient des infrastructures d’accueil en termes de réparation navale et de congélation des produits capturés, les navires nationaux se sont également impliqués dans la pêche Inn, selon Babacar Bâ, Chef du département Suivi, contrôle et surveillance de la Csrp. « Aujourd’hui, on peut dire que 30 à 40 % des infractions constatées dans la sous-région sont le fait de navires qui battent pavillon des Etats de la Commission sous-régionale des pêche », dit Bâ. Qui souligne que la pêche artisanale, qui a maintenant des problèmes à trouver la ressource, s’est aussi mise dans ce type de pêche. Ce, en utilisant notamment des engins prohibés ou en allant pêcher dans des zones de protection spéciale comme les aires marines protégées. « La situation de la pêche Inn nous interpelle individuellement et collectivement et requiert la mise en place de mesures correctives urgentes pour juguler ce problème. La lutte contre la pêche Inn doit être permanente et menée dans une synergie d’actions entre les différents acteurs intervenant dans le système de suivi et de contrôle des surveillances de pêche au niveau des Etats de la sous-région », poursuit M. Bâ.

Face à ces effets néfastes de la pêche Inn sur les économies de ces pays, la Commission sous-régionale des pêches, avec l’appui du projet « Appui à la gestion des ressources halieutiques en Afrique de l’Ouest », financé par la Giz, veut s’attaquer à ce fléau. Elle réunit, depuis hier à Dakar, dans le cadre d’un atelier sur cette forme de pêche, des directeurs des pêches, directeurs du Suivi contrôle et surveillance (Scs) et des conseillers juridiques des ministères en charge des pêches des Etats membres de la Csrp, ainsi que divers invités et experts régionaux et internationaux, pour réfléchir sur un plan d’action sous-régional permettant de prendre en charge cette problématique. Lequel plan d’action devra leur permettre, d’abord, d’harmoniser l’arsenal juridique.

Mais, c’est au niveau de la mobilisation des moyens financiers pour l’équipement des structures de surveillance des pêches que le bât blesse. Car, selon le Chef du département Suivi, contrôle et surveillance de la Csrp, un patrouilleur de haute mer de 50 mètres coûte 13 milliards de francs Cfa et sa journée de surveillance en mer avoisine les 3 millions de francs alors qu’il faut être en mer toute l’année. « C’est hors de portée des pays comme les nôtres », dit Boubacar Bâ. Non sans relever que cet état de fait pousse les navires pirates à fréquenter davantage cette zone. N’empêche, le Secrétaire général du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime estime que les Etats récolteraient plus que ce qu’ils investiront dans le renforcement du dispositif de surveillance de leurs côtes. En effet, s’appuyant sur les conclusions de l’atelier de validation du Plan d’action de lutte contre cette forme de capture, organisé par la Direction de la Surveillance et de la Protection des Pêches (Dpsp), Oumar Ndiaye note qui si le Sénégal parvient à investir 33 milliards de francs Cfa dans les équipements de lutte contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée, il pourrait économiser plus de 164 milliards de francs Cfa en 25 ans.

Par Seyni Diop

Source : Walfadjri

Crédits: AK-Project