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Sénégal: Ne trouvant pas d'achéteur, des milliers de tonnes de riz de la vallée pourrissent

L’écoulement du riz local continue de poser des problèmes. Des milliers de tonnes encore en souffrance dans le nord du pays. Ce qui pourrait compromettre l’atteinte de l’objectif de l’autosuffisance en riz en 2017 affiché récemment par le chef de l’Etat lors de sa tournée économique dans la Vallée du fleuve Sénégal. Des problèmes de financement risquent aussi de se poser pour les riziculteurs qui peinent à honorer leurs dettes au niveau des banques.

Une enfilade de sacs de riz disposés les uns sur les autres. De petits dégagements permettent au visiteur de circuler entre ces sacs qui toisent même le plafond du local. Une porte béante sépare ce local d’une deuxième pièce. De là, se dégage le ronronnement d’une machine, la décortiqueuse, qui, dans ses œuvres, libère de la poussière qui macule le visage de celui qui s’en approche.

Devant ce magasin du groupement de Diawar, certains ouvriers s’offrent quelques minutes de répit. Ils ont l’air inquiet. La machine tourne certes, mais pas à son rythme coutumier. Les riziers sont de loin plus angoissés car un lourd fardeau pèse sur eux. Une incertitude plane sur l’écoulement de leur produit. Du riz, il y en a des tonnes qui sont en souffrance depuis bien longtemps. « Nous avons décortiqué 400 tonnes de riz blanc, 850 tonnes sont également en stock. Ce qui fait que nous ne pouvons pas encore rembourser la Caisse nationale de crédit agricole (Cncas), même si l’échéance est arrivée à son terme depuis le mois d’août », a dit El Hadji Wade, président de l’Union de Diawar.

Ce village a été la dernière étape d’une visite de terrain organisée jeudi dernier, par le projet « Baye Doundé » dans le Delta à l’intention des journalistes. Auparavant, la caravane a fait cap sur l’usine de Téranga Entreprise à Boundoum. Dans ses magasins, 260 tonnes de riz blanc et 800 tonnes de riz paddy sont en souffrance, a souligné Elhadji Amar, gérant administratif de l’usine. Même si l’entreprise parvient à payer les salaires des 19 travailleurs, les activités marchent au ralenti, faute de commercialisation. M. Amar impute cette situation à l’importation d’une quantité importante de riz brisé. Un riz qui vient pratiquer un dumping sur le marché local. « Nous sommes confrontés à d’énormes difficultés pour écouler le riz brisé sur le marché qui est fortement demandé par les consommateurs, mais largement concurrencé par le riz importé », a ajouté M. Amar.

Ver des blocages sur le financement

Le Gie Taïf, implanté à Ross-Béthio (département de Dagana), exploite 400 ha. Il est accompagné par la Cncas sur les 300 ha. Mais, 375 tonnes de riz blanc et 12 mille sacs de paddy restent encore de la production de ce Gie en contresaison, soutient le chef d’usine, Bassirou Fall. « Le Gie qui emploie 200 personnes, de la production à la transformation, peine à payer les salaires convenablement. En plus, nous payons difficilement nos dettes », a indiqué M. Fall.

La Société sénégalaise de la filière alimentaire (Sfa), installée à Ndioungou Mberess depuis 2011, s’active dans la commercialisation. L’usine a une capacité de stockage de 3 mille tonnes et une capacité d’usinage d’environ 12 mille tonnes de paddy par an ; ce qui donne environs 8 mille tonnes de riz blanc par an. Mais sur les 2 500 tonnes de paddy que l’usine a achetées auprès des agriculteurs familiaux après la récolte de contre saison en juillet, 1 200 tonnes sont en souffrance. Cette situation est due à un ralentissement de la demande en riz entier local, a expliqué M. Kevin Torck, directeur général de Sfa. « On espérait même se réapprovisionner maintenant, mais l’usine tourne au ralenti, 1/4 par jour ».

Ndiawar Diop, président de la Fédération des périmètres autogérés (Fpa), a attiré l’attention des autorités étatiques sur l’impact que pourrait avoir ce stock en souffrance sur l’atteinte de l’objectif de l’autosuffisance en riz en 2017. « Nous attendons dans dix jours de nouvelles récoltes et si cette quantité en souffrance n’est pas écoulée, nous risquons d’avoir des blocages sur le financement. Nous allons aussi avoir un problème d’espace pour stocker le riz blanc. On ne pourra plus continuer à produire si la situation persiste. On peut faire un bond en avant et atteindre l’autosuffisance, mais il faudra au préalable régler le problème de la commercialisation », a plaidé M. Diop, par ailleurs président de l’Union de Boundoum.

Aujourd’hui, du riz paddy de la contre saison chaude est encore dans les magasins des producteurs et des riziers. Ces derniers éprouvent des difficultés pour écouler le riz blanc sur le marché. La Cncas, principal fournisseur de financement de la production tarde à récupérer les prêts consentis malgré les stocks consignés à cet effet.

Source : Walfadjri

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Crédits: AK-Project