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Sénégal: Lettre ouverte au ministre et aux techniciens de l'agriculture

La production agricole est sujette à de multiples facteurs bloquants dont le plus important constitue sans doute le manque de formation des agriculteurs dans leur écrasante majorité.

Il convient de noter qu’aucune disposition normative, visant à rendre accessibles les nouvelles technologies et les résultats des recherches agricoles, n’est prise pour développer les capacités des producteurs. Pour pallier à cela, la mise en place des centres ruraux de recherche, auxquels ils participeront activement et financièrement, est devenue une nécessité. Etant les bénéficiaires des acquis de la recherche, la formation continue et l’application des résultats s’imposent à eux. La proximité des intervenants favorise la croissance de la productivité. La recherche sera ainsi orientée vers la satisfaction exclusive des besoins de performance. Le partenariat facilite l’appropriation par les agriculteurs des acquis de la recherche.

La méthode coopérative rapproche davantage les producteurs des chercheurs. Ils forment, à travers cette structure, une société à participation par objectif qui, au delà des performances, permet d’affranchir le producteur de la tutelle de l’Etat. La participation, même symbolique, des agriculteurs au budget affecté à la recherche, astreint les chercheurs à l’obligation de résultat. La société coopérative moderne est une entité qui permet de mutualiser les gros investissements tels que le matériel de production (tracteur, moissonneuse, matériel d’irrigation) et de commercialisation (véhicule de transport des produits). La formation du capital de la coopérative passe par la libération des parts sociales. La souscription au capital donne, à chaque membre, une voix délibérative et une seule. Ce qui garantit l’équité et l’équilibre dans toutes les instances de décision. Les agriculteurs sénégalais doivent se réunir dans des coopératives primaires de production. Les coopératives primaires forment des coopératives secondaires de commercialisation qui, à leur tour, constituent des coopératives tertiaires de transformation des produits.

Les nouvelles formes de coopératives contribuent à mieux réorganiser le secteur. Elles y consacrent l’émergence de micro-entreprises agricoles. Les unions coopératives peuvent, par exemple, aider les producteurs de tomates à se doter de véhicules de commercialisation et d’unité de transformation. Ce qui contribue à augmenter la valeur ajoutée des outputs.Avec la coopérative de production, il est possible de faire partager la gestion d’un tracteur à tous les membres résidents dans la même zone de production. Dans le même sillage, on peut mettre en place des coopératives de collecte et de distribution des semences et intrants. Le regroupement en coopérative et le renforcement des capacités des paysans peuvent, à terme, alléger les charges de l’Etat relatives à l’encadrement et à l’assistance financière. Les ressources affectées au secteur seront ainsi mieux gérées et leurs traçabilités bien établies par les comptes de coopératives.

La prise en charge des approvisionnements par des coopératives en synergie avec les chercheurs permet d’éviter les effets contreproductifs de l’intermédiation. Il existe d’autres types de coopératives comme la coopérative de collecte, de vente et de transformation du lait, la coopérative d’irrigation, etc. La mise en place de ces sociétés mutuelles participe efficacement à développer l’entreprenariat en milieu rural. Pour promouvoir le développement de l’entreprise en zone rurale, il faut privilégier la formation en coopérative de nos agriculteurs selon les principes qui gouvernent la bonne gestion mutualiste. Les systèmes coopératifs modernes mis en place par les pays développés constituent le socle des politiques agricoles programmées et appliquées avec succès. Le modèle de collaboration Etat-coopératives permet d’avoir une meilleure visibilité sur les indicateurs de performance du secteur agricole.

PAR ME ALASSANE NDIAYE

Economiste - Expert, membre de l’Ordre National des Experts et Evaluateurs du Sénégal.

Source : Walfadjri

Crédits: AK-Project