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Sénégal: Le warrantage, une solution pour le monde rural d'accéder aux crédits

Dans leurs cycles de conférences dénommés « Fenêtre sur l'agriculture », la Fao et l'Ipar ont organisé un panel sur le thème : « sécurité alimentaire, protection sociale, résilience : l'exemple du warrantage ».

Au cours des débats, il est ressorti que ce mécanisme de crédit d’achat-stockage, s’il est bien ajusté au contexte socio-économique local, pourrait être la solution à la problématique de l’accès au crédit des paysans.

Au Sénégal, il est observé que le faible et inégal accès aux services financiers représente un frein pour le développement agricole et l’amélioration des conditions de vie des populations en milieu rural.

En effet, les facteurs tels que les aléas climatiques, la volatilité des prix agricoles, le manque d’assurance agricole, le risque de non remboursement, entre autres, n’encouragent pas les institutions financières à couvrir le secteur agricole.

Par ailleurs, la répartition géographique de services de micro finance reste encore déséquilibrée puisque près de 28% des points de services sont localisés à Dakar contre 15,6% à Thiès, 9,4% à Ziguinchor, 8,7% à Louga et 7,2% à Kaolack.

Et selon des chiffres de la Fao, au 31 décembre 2010, les taux de pénétration les plus forts sont notés à Dakar, Ziguinchor et Thiès avec respectivement 23%, 22% et 15% seulement de la population de ces régions qui sont membres des systèmes financiers décentralisés (Sfd).

Du coup, cet accès restreint des producteurs au crédit, génère des dépendances vis-à-vis des banques d’intrants ou des commerçants usuriers entraînant un cercle vicieux qui se met en place pour le paysan.

Le retard ou l’insuffisance dans l’approvisionnement en intrants ont ainsi des conséquences néfastes sur les rendements, le remboursement précoce du crédit précipitant la mise en marché de la production à un prix bradé, le producteur achetant au prix fort pendant la période de soudure.

Le mécanisme du warrantage pourrait constituer l’une des solutions à ces problèmes à condition que les populations se l’approprient et qu’il soit ajusté au contexte socio-économique local.

C’est ce qu’ont laissé entendre les panélistes qui ont participé au débat « Sécurité alimentaire, protection sociale, résilience : l’exemple du warrantage » organisé par la Fao et l’Ipar dans leurs cycles de conférences thématiques « Fenêtre sur l’agriculture ».

Selon eux, ce mécanisme permettra aux producteurs de faire face aux difficultés d’accès aux services financiers via la création de crédits agricoles adaptés à leurs besoins.

Le warrantage est un système de crédit qui est garanti par un stock en nature de produits agricoles peu ou pas périssables. Selon Christophe Breyne, du bureau de la Fao du Sénégal, il permet de valoriser la production et d’éviter le bradage à la récolte.

« Le producteur propose son stock à garantir à une institution de micro finance, celle-ci vérifie la quantité et la qualité du stock, l’estime au prix le plus bas et accorde un crédit au producteur.

Si le producteur ne respecte pas les conditions de remboursement du crédit, l’institution de micro finance peut vendre le stock pour se rembourser », a-t-il expliqué davantage.

Et il ajoute que ce système permet « de sortir du cercle vicieux d’endettement, de lutter contre les taux usuraires trop élevés, d’éviter le bradage des récoltes, entre autres ».

Pour Vincent Martin, il y a lieu d’analyser l’intérêt technique, économique et social du warrantage au Sénégal avant de penser à la mise à l’échelle.

Par Elhadji Ibrahima Thiam,

Crédits: AK-Project