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Promotion de la cohérence des politiques agricoles
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Ouverture de la Conférence économique africaine 2016 à Abuja : Transformation du secteur agricole à l’ordre du jour

Abuja, Nigéria, le 6 décembre 2016 – La onzième Conférence économique africaine (CEA) a débuté lundi à Abuja par un consensus sur la nécessité de porter à plus grande échelle la transformation du secteur agricole en Afrique, afin d’y stimuler l’industrialisation et une croissance inclusive.

Ouvrant la conférence, M. Yemi Osinbajo, le Vice-Président du Nigéria a expliqué l’action de son gouvernement et ses partenaires du secteur privé pour mobiliser des ressources en faveur de la transformation du secteur agricole, dans une conjoncture de récession économique mondiale qui a fait perdre au pays jusqu’à un million de barils de pétrole brut par jour.
Le vice-président, qui s’exprimait au nom du Président Muhammadu Buhari, a exposé les nombreux efforts menés par le gouvernement pour soutenir le secteur agricole et ses chaînes de valeur afin de diversifier et transformer l’économie en l’absence des ressources pétrolières qui constituent la base de l’économie.

Il a exprimé l’espoir que la conférence serait en mesure de dégager des éléments probants issus de travaux de recherches et basés sur la connaissance de bonnes pratiques qui pourront aider le Nigeria et les pays d’Afrique à transformer leur production agricole et à assurer une croissance plus durable.

Plus de 300 personnes participent à cette réunion annuelle organisée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) sur le thème « Nourrir l’Afrique : vers une agro-industrialisation pour une croissance inclusive ».

Le Président Akinwumi Adesina de la BAD a rappelé aux participants que le Nigéria avait été choisi pour accueillir la conférence en raison de son énorme potentiel agricole qui, s’il est bien exploité, pourrait faire de ce pays une puissance mondiale grâce à l’agro-industrialisation.

Lors de sa présentation liminaire, Akinwumi Adesina a fait remarquer que l’agriculture, qui contribue au PIB africain à hauteur de plus de 28 %, constituait la clé d’une croissance accélérée, de la diversification et de la création d’emplois pour les économies africaines.

« L’agriculture offre les matières premières nécessaires au développement industriel. Les produits alimentaires représentent la part de la plus élevée de l’indice des prix à la consommation et pouvoir offrir des produits alimentaires bon marché est essentiel à la maîtrise de l’inflation. Quand l’inflation est faible, les taux d’intérêt diminuent, et les investissements de la part du secteur privé deviennent plus importants. Un secteur agricole plus productif, plus efficace et plus compétitif est indispensable à la stimulation des économies des zones rurales, où vit la majorité de la population africaine », a déclaré Akinwumi Adesina. « L’avenir de l’Afrique dépend de l’agriculture ».

Citant les cas de pays d’Afrique (Éthiopie, Kenya et Rwanda) et d’Asie, de la Corée du Sud en particulier, Akinwumi Adesina a montré comment l’Afrique pouvait faire de l’agriculture une assise solide permettant de construire rapidement une base de production agro-alimentaire.
Il ressort des estimations actuelles que 65 % des terres arables non cultivées de la planète se trouvent en Afrique et que leur utilisation permettrait de nourrir 9 milliards de personnes d’ici 2050. Dans le même temps, le continent dépense chaque année 35 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires. Cette situation a d’énormes conséquences pour l’Afrique, en termes, entre autres, de pertes de revenus et d’un chômage croissant. Alors que d’ici 2030 les secteurs alimentaire et agro-alimentaire devraient croître et leur production passer de 330 milliards à 1 000 milliards de dollars EU, le continent ne peut tout simplement pas se permettre de faire l’impasse sur cette considérable opportunité.
Selon Akinwumi Adesina, les agriculteurs ont besoin de « soutien à l’amélioration de la croissance », c’est-à-dire un dispositif où les petits exploitants reçoivent un soutien ciblé en intrants afin de pouvoir utiliser les technologies nouvelles. La mise en place de vastes « zones de traitement des cultures de base » et de « zones agro-industrielles » avec les infrastructures nécessaires et des dispositifs de partage des risques serait très utile aussi.

M. Adesina a affirmé que la BAD avait affecté 800 millions de dollars EU aux « technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique » (TTAA). Ces fonds ciblent 40 millions d’agriculteurs sur une période de dix ans et devraient leur permettre de développer à grande échelle l’emploi de nouvelles technologies agricoles.
Les TTAA fourniront aussi une aide à des gens comme Noel, un jeune diplômé « agro-preneur » de Bukavu, en République démocratique du Congo qui, avec ses collègues, s’est tourné vers l’agro-alimentaire il y a tout juste un an. Ils génèrent à présent des revenus de 4 000 dollars EU par semaine, grâce à la fabrication de farine de manioc bien emballée et vendue dans les boulangeries pour la fabrication de pain. Le mélange de farine de manioc et de blé pour la fabrication de très bon pain est aujourd’hui une bonne activité génératrice de revenus sur le continent.
« Notre objectif est simple : contribuer à un développement agro-alimentaire très fort dans toute l’Afrique. Pour ce faire, il faut des politiques publiques bien ciblées destinées à stimuler le secteur agricole, surtout l’agro-alimentaire et les entreprises de fabrication d’aliments », a souligné Akinwumi Adesina.

Pour sa part, M. Abdallah Hamdok, le secrétaire exécutif par intérim de la CEA, a insisté sur la nécessité de nouvelles approches en matière de politiques favorables à la stimulation de la production, ce qui nécessitera un rôle plus grand de la part des acteurs étatiques ainsi que le type de leadership qui apporte une vision bien définie de l’industrialisation sur le plan agro-alimentaire.

M. Abdoulaye Mar Dieye, Sous-Secrétaire général de l’ONU et Directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique, a exhorté les gouvernements africains à collaborer avec leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux en vue de soutenir le programme d’industrialisation agro-alimentaire du continent. Évoquant le potentiel agricole de l’Afrique, Abdoulaye Mar Dieye a déclaré : « L’agriculture peut être la voie royale menant à la prospérité de l’Afrique ? ; c’est le carburant à indice d’octane élevé qui, s’il est traité convenablement, peut transformer radicalement le continent ».
À cet égard, les pays développés et émergents auraient tout intérêt à éliminer les entraves aux échanges commerciaux, les subventions agricoles à l’exportation nuisibles et le protectionnisme régional qui limite l’accès de l’Afrique aux marchés et transforme le continent en un dépotoir.
Le Professeur Eric Maskin de l’Université Harvard et colauréat du Prix Nobel 2007 d’économie a présenté un bref exposé des raisons pour lesquelles la mondialisation est en train d’accroître les inégalités plutôt que de les réduire. Eric Maskin a préconisé l’offre d’un meilleur enseignement et de meilleures qualifications et à une formation améliorée afin d’apporter aux personnes qui se trouvent généralement dans les zones agricoles les compétences nécessaires leur permettant de trouver des emplois dans les entreprises agro-alimentaires.

« Les gouvernements doivent s’impliquer dans le développement de compétences et l’enseignement dans l’agriculture parce que c’est bien là où se trouvent le plus de personnes sans qualifications. Il n’y pas de plus importante priorité que l’investissement dans les gens », a-t-il affirmé.

Crédits: AK-Project