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Cote d'Ivoire: Spéculation sur la baisse de la production du cacao - Qui tire les ficelles ?

L'information est passée en boucle sur les chaines internationales : les cours du cacao ne cessent de s'envoler. Sur les marchés de Londres et de New-York, ils ont atteint un niveau record de 2543,40 dollars la tonne après un plancher de 2177,32 dollars la tonne en mars dernier.

La faute, accuse-t-on, à des menaces sur la production cacaoyère ivoirienne. On cite pêle-mêle, une mauvaise pluviométrie, des incertitudes liées au foncier rural, un désintérêt marqué de la culture du cacao.

" La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, son cacao fait l’objet d’une attention particulière. Nous avons entendu ces informations. Si des informations sur le cacao font grimper les cours, cela ne peut que nous arranger. Parce que plus les cours montent, mieux l’économie cacaoyère ivoirienne se porte.

Dans tous les cas, le Conseil (ndlr, Conseil du café-cacao) sait ce qui se passe dans la filière et se donne l’opportunité d’intervenir quand besoin sera nécessaire ", indique un haut cadre de cette structure.

La rumeur concernant la baisse de la production est-elle fondée ? " La quantité de cacao produite par année rentre dans le cadre du secret. C’est une donnée stratégique qui ne se traite pas en public ", tranche-t-il.

D’où viennent donc ces allégations de mauvaise récolte ? " Des spéculateurs bien sûr ! On ne peut pas empêcher les spéculateurs de faire leur travail. Ce ne sont pas tous les spéculateurs qui prennent des risques.

Il y en a dont le métier est de faire de l’intoxication pour faire bouger le marché en leur faveur. De cette façon, ils contrôlent la bourse. C"est un jeu pour eux. Et je ne serais pas surpris que ces informations soient montées ici même en Côte d’Ivoire ", soutient un acteur de la filière.

Quel avenir pour les producteurs ?

Du coup, les regards se tournent vers la firme Armajaro qui s’est spécialisée dans la spéculation sur le cacao. Pour qui connait les méthodes de cette société, à travers son responsable, Anthony Ward, il s’agit d’anticiper la poursuite d’une baisse de la production.

On se rappelle qu’au début des années 2000, alors que l’optimisme baigne sur l’avenir de la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, Armarajo persuade le milieu que le marché du cacao va se trouver en déficit.

Anthony Ward répand l’information que la production ivoirienne va baisser et se met à stocker dans des entrepôts européens des dizaines de milliers de tonnes de fèves. Deux ans plus tard, une rébellion éclate et Armajaro détient 400.000 tonnes de cacao.

Il ne reste qu’à attendre le moment où les cours seront élevés pour les revendre et empocher un bonus considérable. En 2010, il remet ça en achetant d’un seul coup 240.000 tonnes de cacao qu’il revendra juste avant l’offensive des forces rebelles. " Nous sommes sur le terrain et nous ne percevons pas cette tendance à la baisse.

Il est vrai qu’il n’a pas trop plu cette année, mais ce sont des situations que nous avons connues par le passé sans que cela n’influe considérablement sur la production. Si les cours grimpent, ça ne peut que nous arranger. On espère que le prix bord champ va augmenter la campagne prochaine ", indique Armand K., président de coopérative dans l’Indénié-Duablin.

Au cabinet du ministre de l’Agriculture, on semble garder la mesure. " La réforme sert à sécuriser les revenus des producteurs par la mise en place d’un prix minimum garanti et stable.

Le gouvernement a décidé d’accorder aux producteurs 60% du prix du kilogramme à l’international. Justement, il s’agit de protéger les producteurs contre les spéculations des cours. Les producteurs n’ont pas à s’inquiéter", souligne un membre du cabinet.

Il nous revient que le Conseil du café-cacao a vendu 1 million de tonnes pour la campagne 2013-2014, plus que prévu par le système de vente par anticipation. A quel prix ?

Source : Notre Voie

Crédits: AK-Project