Sms-BankingDisponible depuis des années en Europe, le Sms-Banking rentre de façon progressive dans les habitudes des Ivoiriens. En tout cas, cette prestation de service offerte par nombre d’établissements financiers, connaît du succès auprès des populations et fonctionnaires du milieu rural.
Il est un peu plus de 15h ce 17 août à Kouakoukro-Limite, village de la sous-préfecture d’Aboisso. Les paysans rentrent progressivement des champs. C’est la saison des pluies. Mais, ce jour-là, aucun nuage à l’horizon. Certains hommes rentrés un peu plutôt que d’habitude ont choisi de se réunir autour du vin de palme, le traditionnel "Bangui", sous les vérandas. Quand d’autres préfèrent partager le précieux breuvage en plein air ou au milieu de la cour. C’est donc assis avec des amis autour du vin de palme que M. Ernest Koffi reçoit un message sur son téléphone cellulaire.
Le texto est libellé comme suit : « Interrogation solde : Votre solde disponible est de (CFA) : 209991.200. Sauf erreur ou omission et sous réserve des opérations non encore comptabilisées ». M. Koffi vient de recevoir le retour du message qu’il a adressé à sa banque pour avoir des informations sur son compte courant, il y a une dizaine de minutes.
M. Koffi exploite une parcelle de 10 hectares de plantation villageoise de palmier à huile. Installé dans ce gros village d’environ 2000 âmes, il attend patiemment le règlement de la facture de ses régimes de palmier livrés il y a quelques semaines à une société d’huilerie de la région d’Aboisso. Ce producteur, la soixantaine révolue, avait prévu se rendre le jour suivant à sa banque pour un retrait d’argent pour préparer la rentrée scolaire de ses enfants, fixée officiellement le 14 septembre.
Cependant, il veut s’assurer que l’argent de sa livraison est bel bien disponible sur son compte courant domicilié dans une banque commerciale de la capitale économique ivoirienne Abidjan, située à 100 Km de sa plantation. Et ce, avant de faire le déplacement.
C’est qu’à chaque fin de mois, la société d’huilerie qui collecte et achète la production de la coopérative de producteurs de palmier à huile dont M. Koffi est membre, vire l’argent des planteurs sur leurs différents comptes bancaires. Il peut s’agir d’un compte à vue et/ou d’un compte d’épargne.
Comme M. Koffi Ernest, ils sont nombreux, les planteurs de la sous-préfecture d’Aboisso à solliciter les services du Sms-Banking pour suivre tous les mouvements sur leur compte.
« Avant l’avènement du Sms-Banking, j’étais contraint, chaque fois que le besoin se faisait sentir, de me rendre à ma banque à Abidjan avant d’avoir des informations sur mon compte », explique M. Aka Blaise de N’Zikro, un village situé à environ 105 Km de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Il explique que grâce à la qualité d’information offerte, il est devenu plus efficace. « Avant pour effectuer un retrait, je passais presqu’une semaine à Abidjan », soutient-il.
En fait, son virement s’effectuant généralement entre le 1er et le 15 du mois, M. Aka venait attendre pendant tout ce temps à Abidjan chez son cousin qui habite à Yopougon, un quartier populaire de la capitale économique ivoirienne. Il partageait la petite chambre des "garçons" avec les 4 grands enfants de son cousin. « Aujourd’hui, avec le Sms-Banking, je me déplace effectivement quand mon argent est disponible. J’emprunte le véhicule très tôt le matin pour la capitale et dans l’après-midi, je suis de retour au village après mes opérations et autres courses », indique M. Aka Blaise de N’Zikro.
N’guetta Norbert, lui, vit dans sa plantation de palmier à huile située non loin de la frontière du Ghana voisin, dans la sous-préfecture d’Étuéboué. Pour se rendre à Abidjan chaque fin de mois, lieu où est domicilié son compte, il emprunte une pirogue ou une embarcation de fortune —avec tout ce que cela comporte comme danger— pour traverser la lagune. Une fois à Adiaké, il emprunte un véhicule pour Abidjan.
Dans cette ville, il y séjourne en général presqu’une semaine à l’hôtel avant de récupérer son argent. « Avant même de toucher ma paie j’avais déjà dépensé une bonne partie de cette somme ».
Ce parcours, il l’effectuait chaque fin de mois, jusqu’à ce qu’au début du mois de juin, le président de sa coopérative, M. Adou Messou, lui explique l’existence du Sms-Banking. C’est donc aujourd’hui, en homme très avisé qu’il conseille ce service à ses amis et connaissances. De sorte que lui et les siens ne jurent plus que par cette technologie. Surtout que, selon lui, le coût de ce service est très acceptable et "bénéfique pour eux".
En effet, au niveau de sa banque, le coût de la consultation est mensuel et elle s’élève à 1000 FCFA pour les clients aux comptes d’épargne. Tandis que les abonnés des comptes chèques déboursent 1650 FCFA. Dans certains établissements le coût du service est prélevé directement sur la facture téléphonique.
En fait comment fonctionne le Sms-Banking ?
Selon les spécialistes du secteur, plusieurs options s’offrent aux abonnés et utilisateurs du Sms-Banking.
C’est que, certaines personnes reçoivent automatiquement un texto leur faisant le point de leur compte lorsqu’ils en font la demande. « Vous avez votre solde et autres informations », explique M. Aristide Beugré, responsable dans une banque ivoirienne. Il y a aussi des alertes personnalisées.
En clair, lorsque l’on souscrit à cette option, il est immédiatement averti dès que le solde de son compte dépasse une limite minimale ou maximale qu’il a lui-même fixée. « Un Sms vous alerte dès qu’une opération d’un montant supérieur au seuil choisi par vous est enregistrée au débit ou au crédit de votre compte », révèle M. Beugré. Avant de préciser que l’on est également informé sur son téléphone portable dès que le solde de son compte dépasse le montant du découvert autorisé par son gestionnaire.
L’une des options du Sms-Banking la plus sollicitée en Côte d’Ivoire consiste également à tenir informer les détenteurs des comptes bancaires dès que leurs salaires sont positionnés sur leur compte. Cette option est très prisée par les fonctionnaires et autres agents de l’État qui sont en fonction à l’intérieur du pays et en milieu rural.
Les établissements financiers et banques commerciales se font rare ou n’existent presque plus à l’intérieur du pays. Cette situation a une répercussion négative sur le fonctionnement normal de l’administration publique ivoirienne dans ces localités.
Les nombreux fonctionnaires servant dans le pays profond sont constitués en majorité d’enseignants. Ils désertent chaque fin de mois et ce, pendant les jours de classe et bureaux pour aller toucher leurs salaires dans les villes voisines ou à la capitale économique Abidjan. Lieux où leurs différents comptes sont domiciliés.
Le Sms-Banking est donc accueilli dans ce milieu comme une bouffée d’oxygène par les responsables des services publics et fonctionnaires. En tout cas, plusieurs autorités administratives des localités et villes de la région du N’zi-Comoé plaident pour une vulgarisation de cette technologie chez leur administrés fonctionnaires. « Si le Sms-Banking connaît un engouement dans nos circonscriptions administratives, il sera observé moins d’absences dans les services de l’État les fins de mois », soutient le sous-préfet d’Arrah, M. Denis Koffi Agoualè.
La position de l’administrateur civil est partagée par nombre de chefs de services publics. Qui estiment que, si leurs collaborateurs sont avertis sur le virement des salaires à partir d’un Sms à une date précise, ils pourront mieux s’organiser et faciliteront l’organisation du travail pendant cette période du mois.
Il a aussi précisé qu’il y aura une gestion plus rationnelle des demandes de permission. Et permettra « surtout de démasquer les fonctionnaires qui prennent pour prétexte le retrait de leur salaire en ville pour s’absenter sur une longue période de leur poste de travail », confie M. Hervé Assoumou, directeur d’une école primaire dans la sous-préfecture de Dimbokro.
M. Brou Jacques et ses amis, tous enseignants à Ouellé tirent eux, déjà profit de cette offre. « Dès que nous recevons un texto sur nos téléphones cellulaires nous indiquant que nos salaires sont positionnés, nous confions nos différentes cartes magnétiques à l’un d’entre nous pour se rendre à Abidjan pour les différents retraits. Le jour suivant, il est de retour dans la soirée », relève Brou Jacques.
Avant de connaître le Sms-Banking, ce groupe d’amis explique que lorsqu’il envoyait l’un des leurs, celui-ci pouvait passer en moyenne une semaine dans la capitale économique ivoirienne. « Il partait dans l’inconnu. L’envoyé pouvait arriver plusieurs jours avant que les salaires ne soient positionnés sur les différents comptes », explique-t-il.
Le Sms-Banking permet aussi d’avoir des nouvelles fraîches de votre banque. Un Sms prévient également le client de la mise à disposition de son chéquier ou de sa carte bancaire au guichet habituel.
Source : Fratmat
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