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Burkina Faso: Ministère de l'agriculture - Le cri d'alarme du Synatrag

Ceci est une déclaration du Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATRAG) sur les conditions de travail des travailleurs de l’agriculture.

Sur convocation du bureau national du Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATRAG), les militant(e)s et travailleurs de l’agriculture, venus de dix régions sur les 13, ont examiné la situation au sein du département de l’agriculture, caractérisée par une dégradation continue des conditions de travail des agents d’encadrement. Cela s’est exacerbé avec la crise consécutive à la scission du ministère de l’Agriculture et de l’hydraulique en ministère de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire (MASA) et ministère de l’Eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement (MEAHA).

En cette campagne agricole 2013-2014, deux évènements majeurs caractérisent cette situation : le « mécanisme général de mise en œuvre des opérations intrants (semences et engrais) et celui des équipements agricoles » et les conditions de mises en place des outils de vulgarisation.

En effet, le mécanisme général de mise en œuvre des opérations intrants (semences et engrais) a été validé et mis en place, dont un des objectifs clés est de « renforcer l’implication du secteur privé dans la distribution des semences ». Cet objectif est déterminant pour la réussite de l’opération car, quelle que soit la qualité de la semence, si la distribution n’est pas bien assurée, les autres objectifs ne peuvent être atteints. C’est pourquoi à l’analyse il ressort : un secteur privé peu existant, mal organisé et très peu nanti en personnels qualifiés. En effet, les opérateurs privés sont absents dans la quasi-totalité des communes (cas du Nord, etc.). Les prestataires privés recensés, à notre connaissance, sont AGRODIA, COCIMA, etc. avec lesquels des contrats juteux ont été signés soit 10 000 F CFA payés pour chaque placement d’une tonne de semences, répartie comme suit : 9 000 F CFA pour l’employé d’AGRODIA et 1 000 F CFA pour la structure AGRODIA. Avant l’adoption de ce mécanisme, les agents d’encadrement effectuaient le même travail pour moins que cela, 1 000 F CFA pour 15kg de semences remis à un paysan, somme non rétrocédée à l’agent d’encadrement jusqu’à ce jours.

Dans les quelques zones où sont présents les représentants des opérateurs, ceux-ci sont, pour la plupart, illettrés et ne possèdent aucun document attestant qu’ils sont qualifiés, alors que la législation en la matière est bien précise sur la qualification des vendeurs et distributeurs d’intrants. De surcroît, leur effectif est faible, parfois leur niveau de qualification est douteux, ne sachant ni lire ni écrire. Dans ces conditions, comment peuvent-ils renseigner les différents types de fiches, à remplir en trois exemplaires chacune ? Cette situation amène les agents d’encadrement, par souci de ne pas pénaliser le monde paysan, à exécuter à leur place les tâches qui leur sont assignées.

Certains directeurs régionaux de l’Agriculture zélés menacent de n’accepter aucun agent qui voudrait faire obstacle à la distribution des intrants et équipements agricoles dans ce contexte. Si nous admettons cela comme leur droit, il est également du droit et du devoir du SYNATRAG d’exiger de meilleures conditions de travail pour les travailleurs de l’agriculture qui œuvrent quotidiennement pour le bien-être des paysans.

Concernant la mise en place des outils de vulgarisation par les agents d’encadrement (parcelles de démonstration, champ-écoles de producteurs, parcelles vitrines de producteurs), il est constaté le traitement disparate des frais servis pour le suivi de ces outils d’une direction régionale de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire à une autre sans explication aux bénéficiaires. Les protocoles et/ou conventions signés avec les partenaires sont le plus souvent gardés au secret par certains premiers responsables qui utilisent cette attitude comme moyen de gestion et de pression. Sinon, comment comprendre que, jusqu’à la fin des travaux, les clauses ne soient pas portées à la connaissance des agents concernés ? Tout cela dénote d’une gestion opaque et obscure des appuis servis pour les suivis. Le fallacieux prétexte de panier commun et/ou de mutualisation des ressources est très souvent évoqué pour justifier l’indéfendable.

Face à une telle situation, le SYNATRAG :

dénonce le « mécanisme général de mise en œuvre des opérations intrants (semences et engrais) » qui fait la part belle aux prestataires privés et ne prévoit aucun avantage aux agents publics de terrain ;

rejette les tentatives de privatisation des fonctions de l’appui, conseil, partie intégrante des missions régaliennes du ministère de l’Agriculture ;

exige des autorités du ministère de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire :

*que les clauses de tout protocole/convention signé avec les structures partenaires soient portées à la connaissance du personnel ;

*La prise de mesures afin d’assainir l’environnement ou le cadre de travail de l’agent d’encadrement,

rend responsables les autorités du ministère de toute dégradation du climat de travail si des mesures ne sont pas prises pour satisfaire les revendications des travailleurs ;

invite les travailleurs de l’agriculture à mettre en œuvre les engagements pris le 27 juillet 2013 lors de la rencontre tenue au Centre d’éducation ouvrière de Ouagadougou en vue d’une plus grande mobilisation pour faire face aux luttes futures pour de meilleures conditions de travail.

Le Bureau national

Le Secrétaire général,

Source : Le Pays

Crédits: AK-Project