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Article scientifique : Réponses culturelles aux changements rapides de la nature

Thomas Heyd et Irène Dupuis, - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Débats et Perspectives, 2012, mis en ligne le 25 janvier 2012, Consulté le 26 janvier 2012.

Au vu du changement climatique auquel nos sociétés devront faire face dans un futur proche, les questions relatives à la vulnérabilité et à la résilience sont devenues d’une importance capitale. Jusqu’à présent, les efforts pour fortifier la résilience ont été centrés au niveau des réformes des infrastructures matérielles et sociales. Des idées sur l’amélioration des structures physiques, comme des protections contre les inondations par les fleuves à grande crue et contre la mer en cas de fortes tempêtes, sont en train d’être développées. Également sont en cours des réflexions sur les changements des structures sociales nécessaires pour faire face aux effets sociaux, tels qu’une importance accrue des migrations provoquées par des événements catastrophiques comme les grandes sécheresses, symptomatiques dans certaines régions des changements climatiques. Il est clair qu’il est essentiel de commencer à planifier des changements conséquents dans les divers secteurs de la société comme la santé publique, l’économie, les finances, les assurances, etc. Néanmoins, il reste à considérer une perspective plus générale sur l’adaptation aux évènements naturels catastrophiques qui aille au-delà des approches qui se limitent aux réformes des infrastructures matérielles et sociales concernées.

Dans cet article, il s’agit d’aborder une perspective différente de la vision commune dans nos sociétés. Dans les sociétés dites occidentales, les initiatives de prévention visent généralement à réformer les structures existantes dans un cadre culturel « moderne », qui considère les phénomènes naturels ou bien comme de simples ressources ou bien comme des obstacles pour le bonheur humain. Jusqu’à ce jour tout au moins, la question du rôle des facteurs culturels face à la vulnérabilité en relation au changement climatique reste assez peu traitée. En particulier, il faudrait clarifier la manière selon laquelle les croyances, les valeurs, les pratiques et les habitudes, ainsi que les techniques et les éléments matériaux des cultures, sont en interaction avec les comportements des individus et des groupes sociaux qui affrontent les défis posés par les effets du changement climatique. Il est proposé ici que l’éclaircissement des facteurs culturels qui contribuent à la vulnérabilité et à la résilience des sociétés pourrait nous fournir des approches supplémentaires significatives pour consolider la capacité des populations à faire face aux difficultés prévisibles sous l’effet du changement climatique.

Les changements climatiques et les perturbations sévères du climat qui induisent des modifications de la fréquence ou de l’intensité des tempêtes, des inondations, des sécheresses, etc., ne sont pas des phénomènes nouveaux dans l’expérience humaine. Il y a de plus en plus d’études sur les réponses humaines, en divers endroits de la planète en périodes historiques et préhistoriques, aux effets des changements et aux variabilités extrêmes du climat. Dans le cadre de cet article, nécessairement limité, sont apportées quelques réflexions sur un modèle de réponse particulière aux évènements naturels avec des effets potentiellement catastrophiques, prenant comme exemple les perspectives culturelles de plusieurs peuples indigènes du nord-ouest de l’Amérique du Nord.

Les anthropologues ont déterminé que les activités de ces peuples, en relation aux phénomènes naturels, étaient guidées par certains principes de respect et de responsabilité qui sont généralement ignorées dans nos sociétés modernes. Selon ces principes, on devrait donner une place aux phénomènes naturels qui peuvent affecter drastiquement les activités humaines. Même si, au premier abord leurs conceptions peuvent sembler un peu insolites, on soutient que, en pratique, ce type d’approche alternative peut mener à des politiques utiles, capables de renforcer la résilience des populations confrontées aux évènements naturels problématiques pour les humains. En résumé, on propose que la réflexion sur la dimension culturelle des réponses aux phénomènes naturels puisse nous donner une nouvelle perspective, avec des répercussions pratiques importantes pour nos sociétés modernes occidentales.

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Crédits: AK-Project