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Afrique de l'Ouest: L'élevage pastoral dans le sahel analysé par des experts

En marge de l’ouverture de leur exposition internationale sur le thème « Pastoralisme : des élevages pour le développement », le Pôle pastoralisme et zones sèches (Ppzs), un groupe d’intérêt scientifique, a passé au peigne fin les enjeux socioéconomiques du secteur de l’élevage dans les pays du Sahel

Dans un exposé suivi de débat, des économistes et zootechniciens au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ont passé en revue l’impact de l’élevage dans le développement économique des pays du Sahel. Dans les pays en développement comme dans les pays émergents, la croissance démographique et l’augmentation relative des revenus individuels, notamment en zone urbaine, entraînent une forte augmentation de la demande en produits d’origine animale, a expliqué Christian Corniaux, zootechnicien au Cirad.

A en croire les experts du Ppzs, l’élevage, dans les pays du sud, joue un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire et le développement économique de ces pays.

Il apparaît, selon eux, de plus en plus « indispensable » de produire davantage pour répondre à l’augmentation considérable de la demande en produits animaux, notamment dans les pays du Sud. Face à ce défi important, indiquent les conférenciers, c’est en particulier en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud que des gains de productivité sont les plus attendus. « Cette opportunité pose d’emblée la question des producteurs ayant la plus grande aptitude à la saisir (élevages industriels ou élevages familiaux) ». Pour Abdrahmane Wane, économiste au Cirad, il faut relever trois controverses qui entourent le secteur de l’élevage.

Il s’agit, selon lui, d’abord de la « concurrence entre l’alimentation humaine et celle de l’animal », qui favorise le développement de l’élevage, par conséquent la hausse de la consommation des céréales et Soja pour l’alimentation animale. Celle-ci, au détriment de l’alimentation humaine. Cependant, souligne M. Wane, la demande de céréales pour l’élevage est « favorable aux cultivateurs vulnérables faces aux crises alimentaires.

Ensuite, le conférencier évoque « l’élevage nomade » qui, à son avis, peut représenter des menaces d’ordre climatique, économique, politique ou social. Ce type d’élevage peut, par contre, être le meilleur mode de valorisation écologique et économique des zones arides. Un système d’élevage mobile sécurisé et source de revenus pour des milliers d’exploitations familiales semble encore important à maintenir dans un contexte d’incertitudes croissantes.

Pour la dernière controverse, M. Wane souligne « l’industrialisation inéluctable de l’élevage », avec comme éventuels impacts : le risque de disparition des races locales plus adaptées, standardisation de la qualité. Cette controverse entraîne des avantages : une augmentation de la demande en produits, un attrait des investisseurs et la modernisation du secteur.

Dans le même registre, les conférenciers estiment que les zones de pâturage font l’objet d’une âpre compétition entre plusieurs activités (agriculture, chasse, foresterie). La mobilité des troupeaux et des populations est perçue comme un élément perturbateur, parfois source de conflits.

Pour Macoumba Diouf, directeur de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), on ne peut pas résoudre le problème de la sécurité alimentaire sans utiliser la production animale. « L’élevage pastoral, comme l’agriculture pluviale, est la forme d’élevage la plus répandue dans notre pays », fait remarquer M. Diouf, estimant que l’élevage intensif reste marginal du fait des problèmes de disponibilité d’aliment et d’eau.

Par Abdou Diaw,

Source : Le Soleil

Crédits: AK-Project