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Bioénergies et développement rural
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Afrique: Que font la FAO et ses partenaires pour aider les pays à étudier les possibilités de développement durable des bioénergies

Si son développement est conduit de manière rationnelle, un secteur bioénergétique en bonne santé peut améliorer l’accès à l’énergie et la sécurité alimentaire

Dans le cadre du Partenariat mondial pour les bioénergies, la FAO aide les pays à mieux évaluer les risques et les avantages potentiels des bioénergies.

Dans cette série de questions et de réponses, Michela Morese du Groupe de la bioénergie parle des récentes activités conduites par la FAO en Colombie et en Indonésie pour tester les indicateurs de durabilité relatifs à la bioénergie.

Pourquoi les pays en développement s’intéressent-ils à la production de biocarburants ? Ne devraient-ils pas plutôt centrer leur attention sur les cultures vivrières ?

La production et l’utilisation des bioénergies sont en expansion dans de nombreuses régions du monde car les pays cherchent à diversifier leurs sources d’énergie tout en favorisant le développement durable.

Il est vrai que les cultures destinées à la production de biocarburants ne devraient pas rivaliser avec les cultures vivrières, ni avoir une incidence négative sur la sécurité alimentaire.

Mais ces deux types de cultures ne s’excluent pas nécessairement l’une l’autre - si son développement est conduit de manière rationnelle, un secteur bioénergétique en bonne santé peut procurer beaucoup d’avantages à un pays, en améliorant son accès à l’énergie et sa sécurité alimentaire.

Dans les pays en développement, le passage de la bioénergie traditionnelle à la bioénergie moderne peut réduire la déforestation, libérer les femmes et les enfants de la collecte de combustibles ligneux et réduire les maladies causées par la pollution de l’air.

Il peut aussi réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles importés, améliorant ainsi la sécurité énergétique et les balances commerciales des pays.

Par ailleurs, la production et l’exploitation des bioénergies peuvent élargir l’accès aux services énergétiques modernes et conduire à créer des infrastructures telles que routes, télécommunications, écoles et centres de santé dans les zones rurales pauvres.

Dans ces régions, la bioénergie offre une possibilité d’augmenter les revenus des petits agriculteurs, de réduire la pauvreté et d’atténuer le fossé entre riches et pauvres. Dans les centres urbains, l’utilisation de biocarburants dans les transports peut améliorer la qualité de l’air.

Les bioénergies comportent-t-elles aussi des risques ?

S’il n’est pas géré dans une optique de durabilité, le développement des bioénergies peut exercer une pression supplémentaire sur la biodiversité, les ressources en eau limitées et la sécurité alimentaire.

Si l’utilisation des terres n’est pas bien planifiée et contrôlée, on pourrait assister à une augmentation de la déforestation, à la perte de tourbières et à la dégradation des terres, ce qui aurait un impact globalement négatif sur le changement climatique.

Là où les régimes fonciers sont précaires, des communautés peuvent être déplacées et ne plus avoir accès aux terres et aux autres ressources naturelles.

Quels sont les indicateurs de la durabilité qui ont été élaborés par la FAO et le Partenariat mondial pour les bioénergies et comment peuvent-ils être utilisés ?

Le Partenariat mondial pour les bioénergies a produit une série de 24 indicateurs pour évaluer et suivre la durabilité des bioénergies à l’échelon national. Ces indicateurs portent sur tous les types de biocarburants (éthanol, biodiésel, biogaz...), utilisés pour la production d’électricité et de chaleur, ou pour les transports.

La FAO, qui a contribué de façon notable à ce travail sur le plan technique, figure parmi les membres fondateurs du Partenariat, dont elle héberge le secrétariat à Rome.

Les indicateurs sont censés informer les décideurs sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques du secteur bioénergétique de leur pays et les guider pour élaborer des politiques propres à favoriser un développement durable.

Mesurés à travers le temps, les indicateurs montrent les progrès réalisés ou le ralentissement sur la voie du développement durable à l’échelle nationale.

Les indicateurs du Partenariat mondial pour les bioénergies sont uniques en ce sens qu’il sont le fruit de la seule initiative multilatérale qui ait établi un consensus sur la production et l’utilisation durables de la bioénergie parmi un large éventail de gouvernements nationaux (50) et d’organisations internationales (26).

Le Partenariat mondial pour les bioénergies a récemment mis fin à un projet visant à appliquer les indicateurs en Colombie et en Indonésie. Quels enseignements peut-on en tirer ?

La FAO a testé les indicateurs du Partenariat mondial pour les bioénergies en Colombie et en Indonésie, avec un appui de l’Initiative internationale sur le climat du ministère fédéral allemand de l’environnement, des ressources naturelles et de la sécurité nucléaire.

Les essais ont confirmé la pertinence élevée des questions environnementales, sociales et économiques mesurées par les indicateurs de durabilité relatifs à la bioénergie élaborés par le Partenariat mondial.

Ils ont également souligné l’importance du renforcement des capacités des pays en développement en matière de suivi de la durabilité des bioénergies, en particulier en ce qui concerne des questions complexes comme les émissions de gaz à effet de serre et la sécurité alimentaire, comme cela a été fait dans le contexte de ce projet dans le cadre d’une série d’activités de formation et d’ateliers.

Pouvez-vous nous donner un exemple des activités menées à bien dans le cadre de ce projet ?

Afin de faciliter le suivi futur des effets de la production et de l’utilisation des bioénergies sur l’offre et les prix des produits alimentaires, deux stages de formation ont été organisés en Indonésie selon le modèle Aglink-Cosimo, qui offre un moyen d’évaluer les impacts de la production bioénergétique sur les marchés alimentaires et agricoles, ainsi que les scénarios bioénergétiques futurs associés à des politiques et à des objectifs différents.

Le suivi et l’évaluation de la durabilité de ce secteur devraient se faire en concertation entre les multiples parties prenantes.

Tant en Colombie qu’en Indonésie, le projet a stimulé et facilité le dialogue entre tous les ministères compétents et les autres principaux intéressés, comme les organisations de producteurs. Des ateliers régionaux ont été organisés dans les deux pays pour favoriser les échanges d’informations et d’expériences entre les pays des deux régions.

La question de la durabilité y a-t-elle été abordée ?

Oui, les opérations pilotes en Colombie et en Indonésie ont fourni des informations préliminaires intéressantes sur la durabilité du secteur bioénergétique dans ces deux pays.

Jusqu’à présent la production et l’exploitation des bioénergies n’ont eu d’effets significatifs sur l’offre et les prix intérieurs des principales denrées du panier alimentaire dans aucun de ces pays. Toutefois, cela pourrait changer si l’on fixe des objectifs plus ambitieux, comme ceux qui sont actuellement envisagés en Indonésie.

Parallèlement, dans les deux pays, il faudrait s’intéresser de plus près aux changements d’affectation des terres associés à l’expansion des matières premières bioénergétiques (ex : palmier à huile), qui peuvent avoir des répercussions négatives sur la durabilité environnementale et sociale.

Si la conversion des terres contenant d’importantes réserves de carbone est évitée, le remplacement des combustibles fossiles par des bioénergies peut se traduire par d’importantes réductions des émissions de gaz à effet de serre.

Comment cette expérience peut-elle être répétée ailleurs, et quelle est la prochaine étape pour le Partenariat mondial pour les bioénergies ?

Après les résultats positifs du projet en Colombie et en Indonésie, la FAO étudie avec le donateur les possibilités de promouvoir la mise en œuvre des indicateurs du Partenariat mondial pour les bioénergies dans quatre pays supplémentaires, à savoir l’Éthiopie et le Kenya, sous la coordination du PNUE, et le Paraguay et le Viet Nam sous la coordination de la FAO.

Les enseignements tirés de la mise en œuvre des indicateurs dans ces pays et dans d’autres seront ensuite partagés avec les membres du Partenariat mondial pour les bioénergies et mis à profit pour faciliter les conditions d’utilisation des indicateurs, de manière à promouvoir leur application généralisée.

Le Partenariat mondial encourage aussi le renforcement des capacités de développement durable des bioénergies, en favorisant les échanges d’informations, de compétences et de technologies dans le cadre d’une collaboration bilatérale et multilatérale.

Dans ce contexte, une Semaine de la bioénergie est organisée chaque année dans un continent différent. Cette initiative a pour but de rassembler les parties prenantes intéressées pour examiner les priorités spécifiques des pays de la région dans ce domaine, ainsi que les défis qu’ils doivent relever.

En 2014, la Semaine de la bioénergie a eu lieu au Mozambique, et l’un des principaux thèmes de discussion est le lien entre les bioénergies et la sécurité alimentaire.

Communiqué FAO

Crédits: AK-Project