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Tchad/développement rural : des ressources mal exploitées (PAPIER GÉNÉRAL)

N'DJAMENA (Xinhua) - En dépit d'importantes potentialités agricoles, animales, halieutiques et hydrauliques dont dispose le Tchad, ses populations rurales sont chaque année confrontées à une insécurité alimentaire. Un forum sur le développement rural, ouvert mardi dans la capitale, tente de mettre en place un plan d'actions concerté pour résoudre ces problèmes

Le Tchad dispose de 39 millions d’hectares de terres arables (dont 5,6 millions d’hectares de terres irrigables), de 84 millions d’hectares de terres boisées ou de pâturage naturel. Son cheptel compte au moins 19 millions de têtes de bétail, toutes espèces confondues (chameaux, bovins, caprins, équidés, porcins..). Ses lacs, fleuves et autres cours d’eaux ont des volumes d’eau de surface variant entre 260.000 et 554.000 milliards de mètres cubes par an, et fournissent entre 200.000 à 300.000 tonnes de poissons par an.

Malgré tout ce potentiel, le Tchad vit une "situation scandaleuse [et] n’arrive pas à s’auto-suffire au plan alimentaire ", a reconnu le président Déby Itno, en ouvrant les travaux du forum sur le développement rural. Pour les trois premières années (sur cinq) de son quatrième mandat entamé le 8 août 2011, le chef de l’Etat tchadien a décidé de faire du monde rural la priorité de ses priorités.

"La seule option reste aujourd’hui à s’organiser pour mettre en valeur les nombreuses ressources dont dispose notre pays d’ici à l’ horizon 2016", affirme Dr Djimet Adoum, ministre tchadien de l’ Agriculture et de l’irrigation. Le forum de N’Djaména, qui s’ achève vendredi, veut élaborer des actions qui, mises en oeuvre, pourront créer les conditions d’une sécurité alimentaire, d’une part, et faire du Tchad un pays exportateur net de céréales.

Pour tenir ce pari osé, le Tchad dispose certes d’innombrables ressources naturelles. Mais il doit mettre davantage de moyens à la disposition de sa population rurale. "Le monde rural est parfaitement conscient de ses responsabilités, mais ce sont les outils de production et l’encadrement nécessaire qui lui font défaut", a déclaré le président Déby Itno.

Il a déploré le faible effectif du personnel d’encadrement du monde rural et sa forte concentration dans les bureaux. Il a, enfin, fustigé le cloisonnement excessif qui existe entre les départements ministériels en charge du monde rural.

Lors du sommet de l’Union africaine, tenu en 2003 à Maputo ( Mozambique), les chefs d’Etats africains se sont engagés, dans une "déclaration sur l’agriculture et la sécurité alimentaire", à " adopter des politiques saines de développement agricole et rural et à allouer chaque année au moins 10% de [leurs] budgets nationaux à leur mise en oeuvre, dans un délai de cinq ans".

Depuis 2003, le Tchad a alloué, chaque année, un peu plus de 5% de son budget national à l’agriculture. "C’est un effort à louer, même si les impacts actuels ne sont pas encore visibles. Il est donc important que le Tchad atteigne son engagement d’allouer 10% à notre secteur", estime Kolyang Palabelé, président du Conseil national de concertation des producteurs ruraux du Tchad (CNCPRT).

Selon les producteurs, les allocations budgétaires doivent être mieux pensées et mises en oeuvre. Elles doivent répondre aux vrais besoins identifiés par région. Car il ne sert à rien de faire des investissements qui ne sont pas prioritaires.

Une étude, réalisée en juin 2011 par le CNCPRT, sur l’impact des financements déployés en faveur du monde rural sur les dix dernières années, a révélé que la situation des producteurs et leurs organisations n’a pas connu de changement majeur.

Selon des témoignages des petits producteurs, la problématique de financement des petits producteurs ruraux est liée, dans une large mesure, aux perceptions et pratiques qui ne sont pas les leurs. Des pratiques qui répondent à des principes d’actions des bailleurs de fonds et du gouvernement, et où le producteur récipiendaire n’est pas suffisamment impliqué.

"Il faut une approche véritablement participative du développement local où les producteurs et leurs organisations participent à l’ensemble du processus, de l’élaboration des plans de développement régionaux à leur mise en oeuvre", soutient Kolyang Palabelé.

En 2004, soit un an avant les premières retombées financières du pétrole, les paysans contribuent pour 52,1% du PIB du Tchad. Pourtant, selon la deuxième Enquête sur la consommation et le secteur informel (ECOSIT 2), 55% des Tchadiens, dont la plupart en campagne, vivent en dessous de pauvreté, soit avec 144.570 francs CFA (moins de 300 US dollars) par an. "Les paysans travaillent au bénéfice des villes et pour eux-mêmes", conclut le président des producteurs ruraux.

Source Afriquinfos.com

Crédits: AK-Project