Deux articles récemment parus illustrent bien la teneur du débat qui persiste sur le développement des agrocarburants en Afrique de l’Ouest, et de façon plus générale dans les pays du Sud, avec en ligne de mire la concurrence foncière entre productions agricoles et productions d’agrocarburants.
D’un côté, François Houtart, Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain, dénonce dans un long article "le scandale des agrocarburants dans les pays du Sud". Pour cet auteur, « comme toujours, dans un projet capitaliste, on ignore ce que les économistes appellent les externalités, c’est-à-dire ce qui n’entre pas dans le calcul du marché, en l’occurrence, les dommages écologiques et sociaux ». Il affirme que « pour que l’agroénergie contribue à la solution de la crise énergétique, dans une mesure de 25 à 30% de la demande, il faudra utiliser des centaines de millions d’hectares de terres arables (...). Il faudra également, selon des estimations prudentes, expulser au moins 60 millions de paysans de leurs terres ».
D’un autre côté, un collectif d’auteurs s’intéressant au cas du Burkina Faso entend « ne pas céder à la polémique qu’inspire le manque de connaissances sur le sujet » et s’interroge : « si le Burkina Faso n’est pas autosuffisant sur le plan alimentaire, c’est peut-être que les déterminants sont davantage liés aux mécanismes économiques et à la qualité des politiques agricoles qu’aux disponibilités physiques (...). En favorisant l’accès à l’énergie en zone rurale, ne pourrait-on pas envisager des processus d’augmentation de la production agricole à la fois à usage alimentaire et énergétique ? »
Sources :
Le Grand Soir, 14/09/09, « Le scandale des agrocarburants dans les pays du Sud »
Inter-Réseaux, 05/09/09, « Enjeux et défis de l’introduction des agrocarburants au Burkina Faso »
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