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COP19 / Financements pour le climat : « Je pense qu’il vaut mieux que l’Afrique se retrouve par région pour repenser son développement » (expert Burkinabè)

Un expert burkinabé dénonce la lenteur dans la mobilisation des fonds contre les changements climatiques

Varsovie, Pologne (PANA) - Mamadou Honadia, expert burkinabé du Groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques (AGN) invite l’Afrique à repenser son développement afin d’échapper aux promesses non tenues des négociations avec les pays développés.

Dans une interview avec la PANA en marge de la COP19 qui se tient actuellement à Varsovie, M. Hodonia a déclaré : « Je pense qu’il vaut mieux que l’Afrique se retrouve par région pour repenser son développement », fustigeant le piétinement des négociations sur le financement du changement climatique qui n’aboutissent jamais et qui empêchent l’Afrique de respecter son agenda de lutte contre le fléau environnemental.

"Il faut arrêter de compter sur les autres et revoir le paradigme du développement en Afrique", a-t-il martelé, soulignant que "les pays développés sont conscients qu’ils nous créent des torts, mais par leur attitude, ils sont en train de nous donner une leçon, de nous montrer que la coopération a une limite".

Pour M. Hodonia, "la question des financements revêt une importance capitale en raison de ce que tout se négocie au niveau des technologies, du renforcement des capacités, du processus des REDD et tout cela n’aboutira que si nous avons des décisions claires, plus volontaires sur les financements".

Faisant le point des négociations sur le financement, M. Honadia a déclaré que plusieurs aspects ont été abordés sur le financement, mais rien de concret à retenir.

Il explique que les négociations tournent autour de trois fonds, le Fonds pour l’environnement mondial, le Fonds vert pour le climat et le Budget du secrétariat de la Convention.

Pour ce qui est du Fonds vert pour le climat, le négociateur explique que ce fonds mis sur pied depuis Cancun et Durban, se retrouve à cette étape sans un centime dans la caisse, ce qui créé des problèmes pour les pays en développement.

"Nous sommes toujours dans cette négociation parce que les pays développés insistent sur le fait que le Fonds vert pour le climat doit être approvisionné par le secteur privé", indique-t-il.

Quant aux pays en voie de développement, ils estiment qu’il doit être financé en grande partie par le secteur public, même si le privé devrait venir en appoint.

"Nous nous tirons donc sur ces deux préoccupations à juste raison parce que nous ne savons pas comment le privé opère dans ces cas de figure. Pour nous, ce sont des responsabilités historiques des pays développés qui doivent permettre aux gouvernements de prendre des engagements ambitieux et surtout avoir une forte proportion de contribution des gouvernements et que le secteur privé devrait venir de façon marginale", a insisté l’expert burkinabé.

"Alors, si le privé doit injecter de l’argent quelque part, sachant que le privé ne travaille que pour du profit, il est évident que les projets d’adaptation, d’atténuation soient financés sous forme de crédit. Ce faisant, les pays ne respectent ni leurs engagements, ni les traités ratifiés", a-t-il déploré, soulignant que les négociations sont démocratiques et multilatérales et on ne peut obliger aucun pays, "c’est une question de bonne foi et de volonté de respecter les engagements sur la Convention".

"Ceux qui possèdent l’argent, s’ils ne veulent faire que du saupoudrage, on a beau se battre dans les négociations. Nous ne nions pas l’importance du secteur privé, mais il ne faudrait pas que le privé se substitue au public qui s’est engagé au niveau international à travers la signature et la ratification des traités", a-t-il souligné.

Officiellement lancé en 2011 lors de la 17ème Conférence des parties (COP17) à Durban, le Fonds vert pour le climat devrait aider à réunir 100 milliards de dollars américains par an d’ici à 2020.

Ce fonds est destiné à soutenir différents projets avec pour objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, de lutter contre la déforestation et de prendre des mesures d’adaptation aux conséquences du réchauffement climatique. Les bénéficiaires de l’aide seront en priorité les pays en développement les plus vulnérables.

- 0- PANA IT/TBM/IBA 21novembre2013
21 novembre 2013 09:50:17

Source : PANAPRESS

Crédits: AK-Project