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Afrique: Les ministres de l'agriculture condamnent les pertes et gaspillages alimentaires

Bucarest — La Conférence régionale pour l’Europe invite les secteurs privé et public à agir - et les consommateurs à changer de comportement.

Dans un contexte de besoins alimentaires grandissants face à une population en constante expansion, le monde ne peut se permettre de continuer à gaspiller un tiers de la production agricole totale. Des mesures coordonnées et énergiques sont exigées, et le secteur privé sera appelé à montrer la voie dans de nombreux cas.

Ce constat fait partie des conclusions d’une table ronde de ministres de l’agriculture de la région Europe et Asie centrale, qui s’est déroulée aujourd’hui dans le cadre de la Conférence régionale de la FAO pour l’Europe.

Un document préparé pour la session s’est penché sur les pertes et gaspillages alimentaires dans la région, comparant les pays à revenu faible, moyen et élevé et analysant sept chaînes d’approvisionnement : produits laitiers, poisson, viande, fruits et légumes, oléagineux et légumineuses, racines et tubercules, céréales.

Des différences notables ont été constatées dans les mécanismes de pertes et gaspillages en fonction des niveaux de revenus. L’essentiel des pertes dans les pays développés ont lieu au stade de la consommation, tandis que dans les pays à faible et moyen revenu, les pertes se déroulent surtout au niveau de la production et de l’après récolte. [voir graphique en fin d’article]

Prenons comme exemple le pain. L’offre excédentaire, le pouvoir d’achat et la préférence des consommateurs pour le pain frais - ainsi que les taux élevés d’autres produits céréaliers jetés sans avoir été consommés - entraînent près de 25 pour cent de gaspillage de produits céréaliers dans les pays riches.

Le gaspillage tombe à 8,5 pour cent dans les pays à revenu moyen, et à 5 pour cent dans les pays à faible revenu. Les critères esthétiques sont une autre source de gaspillage alimentaire, ainsi que la préférence des consommateurs pour les produits ayant une longue durée de conservation.

Le comportement des consommateurs n’est toutefois qu’un aspect du problème. Des niveaux importants de pertes alimentaires peuvent avoir lieu au niveau des exploitations agricoles, durant les phases de stockage, de transport et de transformation.

En analysant le groupe des racines et tubercules (pommes de terre, légumes-racines), l’étude de la FAO a constaté que pour les pays à plus haut revenu de l’Union européenne et de l’Association européenne de libre-échange (AELE), les pertes au stade de la production sont les plus élevées, avec un peu plus de 30 pour cent des cultures perdues ou gaspillées durant le processus de récolte.

Des pertes de 17 pour cent des pertes ont également lieu durant la transformation et le conditionnement. En revanche, les pays à revenu faible et moyen n’accusent quasiment aucune perte ou gaspillage des racines et tubercules durant les phases de transformation et de conditionnement.

"Les producteurs maraîchers et laitiers [en Europe et Asie centrale] sont en grande majorité de petits producteurs", indique la FAO, "et le manque de machines à traire modernes et d’équipements de refroidissement du lait semble être la première cause de pertes dans le secteur laitier".

Nombreux sont les pays de la région à avoir lancé des campagnes et des programmes de réduction des pertes ou gaspillages alimentaires, dont certains ont été évoqués par les délégués durant la réunion. Les initiatives vont de la création de banques alimentaires à l’utilisation de la bioénergie et du recyclage, des investissements dans les technologies agricoles à l’amélioration de la logistique et des infrastructures.

Les ministres et autres délégués ont demandé à la FAO d’intensifier ses travaux analytiques pour mieux comprendre les causes des pertes et gaspillages alimentaires, et d’aider les pays à renforcer leurs capacités statistiques.

L’Organisation facilitera également le partage de solutions et de meilleures pratiques ciblées en proposant différents moyens d’action pouvant être mis en œuvre par les gouvernements, comme par exemple, l’appui au développement d’organisations paysannes pour permettre aux petits producteurs d’accroître leurs volumes et d’intervenir directement auprès des transformateurs et des négociants, ou de mettre en place des capacités collectives de pré-refroidissement et de stockage.

La FAO pilote ou participe activement à un certain nombre d’initiatives visant à réduire les pertes et gaspillages alimentaires - notamment la campagne Save Food et l’Initiative mondiale de réduction des pertes et gaspillages alimentaires, en partenariat avec Messe Düsseldorf.

En Europe et en Asie centrale, où les régimes alimentaires sont en pleine évolution, l’Initiative mondiale s’emploiera à sensibiliser davantage les consommateurs au problème du gaspillage et à promouvoir "des modes de consommation plus respectueux et plus sains".

La nourriture produite sans être consommée a aussi de sérieuses répercussions sur l’environnement. Avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la FAO a lancé un Programme de systèmes alimentaires durables destiné à améliorer l’efficacité d’utilisation des ressources et à réduire la pollution des systèmes alimentaires, de la production à la consommation.

La FAO soutient fermement le défi Faim Zéro lancé par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, qui compte parmi ses cinq objectifs pour un monde libéré de la faim "l’élimination des pertes et gaspillages alimentaires".

Source : FAO

Crédits: AK-Project